Critique du recueil par Jérôme Dulou
Il faut du courage pour commencer le livre de Frédéric. Il faut passer le titre, La morgue, qui promet bien des réjouissances…, passer les références au mouvement Panique (mouvement artistique créé par Fernando Arrabal, Alejandro Jodorowsky et Roland Topor en 1962 ) qui s’inscrivent dès la dédicace, pour se plonger dans ces nouvelles.
Oui, « Je » (seules trois nouvelles sont écrites à la troisième personne) est la victime d’actes horribles et de traumatismes qui l’emmènent vers des délires d’autodestruction, de dépression misanthrope et le font traverser des moments de désespoir et de dégoût. Oui, les phrases et le vocabulaire, le style le plus prosaïque possible (quand « Je » vomit, il vomit, point), nous met face à ces comme confessions sans aucun garde fou. Mais ces révélations prennent ainsi toute leur force brutale, tragique, cathartique.
C’est là que ces nouvelles deviennent de vrais poèmes. Frédéric sait jouer des ruptures, des répétitions, des constructions musicales pour réveiller en nous les pulsions les plus violentes, les plus dépressives, mais aussi les plus tendres (qui peut rester insensible à l’évocation de son grand-père ?), comme Baudelaire sait le faire.
A l’heure où l’on ne lit plus guerre que pour se divertir, consommer des histoires qui nous brossent dans le sens du poil, il faut avoir le courage de regarder la vérité en face : la Vérité. Dedans. Dehors. Alors, lisez La morgue, vieux lâches, avant qu'il ne soit trop tard !
La morgue est un recueil de nouvelles savamment écrites qui tournent, presque en exclusivité, sur des sujets chers à l’auteur comme la mort, la folie ou le sexe.
Bien loin de se complaire dans des clichés éculés sur ces thèmes, l’auteur apporte un point de vue nouveau et surprend par sa façon de manier sarcasme et autodérision.
Influencé par des auteurs comme Sade ou Artaud, on retrouve à travers les lignes de Frédéric Aranzueque-Arrieta toute la malice et la créativité de ces deux géants de la littérature.
Amis lecteurs, venez découvrir La morgue !