« [...] un roman surprenant et fascinant. [...] un langage biblique avec toute sa richesse et son lyrisme... [...] une lévitation qui est aussi un périple vers l'abîme ! »
Fernando Arrabal
Caïn a 20 ans. Il est muet. Il vit depuis toujours enfermé dans une chambre. Il ignore tout du monde extérieur.
Sa mère, une fanatique religieuse, l'éduque en lui inculquant le mépris de soi. Elle l'accuse d'avoir tué son frère jumeau, Abel, quand ils étaient dans son ventre.
Caïn se construit (ou déconstruit) à travers les mensonges et les coups que lui inflige sa mère, mais aussi en lisant la Bible.
A la mort de sa mère, il revient sur sa misérable existence ; c'est l'occasion d'analyser son passé.
Revue de presse
Le livre de Caïn est un roman panique qui reprend la structure des textes du Nouveau Testament, tels les évangiles (Caïn 1-1 ; Caïn 1-2 ; etc.).
L'incipit altère à peine celui de L'étranger de Camus (« Hier maman est morte ») et le roman s'achève par un poème qui emprunte une réflexion de Bouddha, issue de «L'existence de l'imaginaire».
L'intertextualité est présente tout au long du livre et on peut y déceler deux niveaux narratifs : les citations que fait Caïn-narrateur, à partir des textes sacrés et celles qui lui échappent (les références vont de Ionesco à Saint François d'Assise).
L'écriture est simple et fluide ; sans sombrer dans le minimalisme, il faut tenir compte du niveau du narrateur, Caïn, un autodidacte muet qui s'est formé à travers la Bible et Chemin d'Escrivá de Balaguer.
Cette naïveté de l'écriture crée un décalage qui permet de jouer avec les différents niveaux narratifs. Il raconte avec ses moyens culturels, les horreurs et les frayeurs qu'il a subies et qui ont rythmé sa vie.
C'est au lecteur de remettre de l'ordre dans ce puzzle narratif (la chronologie n'est pas nécessairement respectée) où le discours de la mère parasite souvent celui de Caïn et de faire la part entre le vrai (le réel) et le faux (le mythe).
Il s'agit d'une écriture de l'urgence, une matière brute, souvent convulsive qui nait de la souffrance, de la peur et de l'enfermement.
On peut y voir une vision du monde nihiliste (l'esthétique de Nietzsche est très présente tout au long du roman) à laquelle il faut ajouter une certaine perversion et/ou perversité.
On est constamment sur une ligne trouble qui sépare le sacré du profane et c'est cette confusion panique qui régit le roman.
Enfin, le texte explore les territoires de la raison et de la folie à travers une architecture narrative singulière et transgressive.