Incipit
Le temps était plutot sombre.
J'ai toujours rêvé de commencer mon livre par cette phrase. Mais bon... je tiens à être franc avec mon lecteur... elle n'est pas de moi. D'ailleurs je ne m'en souviens plus de qui elle est cette phrase. Après tout ce ne sont que des mots. Tout le monde répète les mêmes mots. C'est peut-être pour cette raison que les gens m'ennuient. Tout le monde parle avec les mêmes mots, tout le monde pense de la même façon, tout le monde se ressemble, tout le monde est tout le monde.
[...]
Préface de Manipulations
Manipulations est certainement à ce jour un des plus mauvais livres qui n'ait jamais été écrit, une injure, une profanation, une prise de tête, une transgression littéraire volontaire, digne des pires masturbations intellectuelles de cette fin de siècle.
J'ai voulu raconter une histoire, si tant est qu'il y en ait une, dans laquelle rien ne se passe, avec des personnages stéréotypés et absents soutenus par un style prosaïque, répétitif, naïf, contradictoire et agaçant (sûrement autant que cette note).
En m'appliquant et m'acharnant sur la médiocrité littéraire, j'ai tenu à montrer que l'écriture sert encore à quelque chose, même quand elle semble ne rien dire.
C'est en allant au-delà des mots, en dépassant " l'écriture horizontale " pour pénétrer pleinement dans " l'écriture verticale " que l'on découvre les richesses de cette expression artistique qui nous dépasse fort souvent.
Manipulations est également en plus d'une critique de la littérature actuelle ou d'un avortement littéraire qui nous plonge dans la stupidité la plus abjecte et déconcertante, un rejet violent de la société dans laquelle nous évoluons ou nous stagnons, devrais-je dire, héritage d'une culture judéo-chrétienne agonisante.
Le seul mérite de ce livre est peut-être celui d'avoir consacré à l'homme et à sa société un ouvrage à son échelle. L'échelle de la putréfaction intellectuelle.